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Le masculin n'est pas un genre neutre

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RésuméRésumémodifier

Le langage est performatif et agit activement sur nos structures de pensée. L'usage systématique du masculin, qui est un peu érigé comme une "norme", comme une règle neutre (on rappellera la fameuse loi selon laquelle le masculin l'emporte toujours sur le féminin) conduit à une vision du monde complètement androcentrée. Si, au vertu de cette performativité, le langage réalise ce qu'il énonce, alors en énonçant du masculin, en imposant le masculin comme le genre "par défaut", il reproduit ce système symbolique et culturel fondé sur la domination masculine qui bénéficie structurellement les hommes au détriment des femmes.

CitationsCitationsmodifier

« 

« Un enfant de treize ans est en voiture avec son père quand ils ont un accident. L’ambulance vient les chercher, et le père meurt pendant le trajet. L’enfant est transporté à l’hôpital. Le meilleur médecin de l’hôpital entre dans la salle d’opération, voit l’enfant et s’exclame : “Mais je ne peux pas l’opérer, c’est mon fils !” Comment est-ce possible ? ».

Cette énigme bien connue a été posée à de nombreuses personnes lors d’un micro trottoir réalisé par l’Institut Egali Gone dans les rues de Lyon en 2013.  Rares sont les personnes qui vont imaginer que le médecin peut être la mère du garçon. Cet exemple a été utilisé pour défendre la féminisation des noms de métier, parce qu’il montre que la prétendue neutralité et universalité du genre masculin, qui ne marquerait pas nécessairement le masculin mais pourrait jouer le rôle de générique neutre (humain), n’est pas vraie. Quand on utilise le masculin, on véhicule et on produit généralement une représentation qui est celle d’un être humain genré. On pourrait dire que cela ne vaut que dans le cas où nos représentations sont déjà sexistes et où ce n’est pas le langage qui forge cette représentation. Je propose au contraire de penser que le langage participe à construire les stéréotypes sexistes qu’il semble simplement refléter, d’une multitude de manières : par l’existence de certaines catégories et de certains concepts2, par les nominations, les adresses et les injures, par la place accordée aux personnes dans une interaction langagière.

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Mona GÉRARDIN‑LAVERGE, « Performativité du langage et empowerment féministe », philonsorbonne, n° 11, p.93-105, 2016.

RéférencesRéférencesmodifier

Arguments pourJustificationsmodifier

Arguments contreObjectionsmodifier

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