De nombreux travaux de recherche récents alertent sur l'impact néfaste des néonicotinoïdes sur la santé humaine et la biodiversité
Résumé
De nombreux travaux de recherche récents alertent sur l'impact néfaste des néonicotinoïdes sur la santé humaine. Leur impact sur la biodiversité est, lui, prouvé depuis plus longtemps. Retrouvez ci-dessous plusieurs études scientifiques et leurs conclusions.
L’INSERM (source : « Pesticides et effet sur la santé : nouvelles données »)
En 2021, l’INSERM rend son rapport "Pesticides et effets sur la santé : Nouvelles données. ».
- Exposition en milieu professionnel : l’expertise confirme la présomption forte d’un lien entre l’exposition aux pesticides et six pathologies : lymphomes non hodgkiniens (LNH), myélome multiple, cancer de la prostate, maladie de Parkinson, troubles cognitifs, bronchopneumopathie chronique obstructive et bronchite chronique.
- Exposition pendant la grossesse ou l’enfance : une présomption forte de lien entre l’exposition aux pesticides de la mère pendant la grossesse (exposition professionnelle ou par utilisation domestique) ou chez l’enfant et le risque de certains cancers, en particulier les leucémies et les tumeurs du système nerveux central.
- Exposition des riverains des zones agricoles : présomption faible (due à la difficulté d’évaluer finement l’exposition) mais un lien est suggéré entre l’exposition des riverains des terres agricoles et la maladie de Parkinson, et également entre la proximité résidentielle à des zones d’épandages de pesti- cides (rayon <1,5 km) et le comportement évocateur des troubles du spectre autistique chez l’enfant.
Conclusion du rapport : « La confirmation et la mise en évidence de présomptions fortes de liens entre certaines pathologies et l’exposition aux pesticides doivent orienter les actions publiques vers une meilleure protection des populations. »
Le CNRS (source : CNRS « Étude de cas aux Philippines : l’alimentation, principal vecteur d’exposition aux néonicotinoïdes » )
- L’étude réalisée en 2021 aux Philippines confirme que même des personnes qui habitent loin des champs traités aux néonicotinoïdes peuvent être contaminées : l’exposition des populations passe surtout par les aliments.
- 80 % de ces insecticides finissent dans le sol et les cours d’eau, où ils peuvent rester actifs pendant plusieurs années.
- 97 % de l’alimentation mondiale en contient, dont 40 % à des taux supérieurs aux seuils de toxicité pour les humains.
Une étude japonaise réalisée en 2019 (source : Plos One)
- l’étude démontre que les néonicotinoïdes, et notamment l'acétamipride, sont capables de passer la barrière du placenta et donc d'atteindre le neurodéveloppement de l'enfant dans le ventre de sa mère
- conséquences : sur leur taille à la naissance, ou sur le cerveau incomplet (anencéphalie)
Une étude américaine en 2017 (source : EHP Publishing)
- démontre que l’exposition aux néonicotinoïdes a des conséquences sur le quotient intellectuel des enfants
Plusieurs études récentes (ici, ici, et là) établissent un lien entre exposition aux néonicotinoïdes et maladie cardio-métaboliques, cancers du foie et diabète gestationnel.
L’ANSES en 2016/2017 (source : Avis relatif à « l’impact sur la santé humaine des substances néonicotinoïdes autorisées dans les produits phytopharmaceutiques et les produits biocides »)
- l'ANSES relève plusieurs impacts des néonicotinoides sur la santé
- mais elle nuance ainsi "Ses travaux ne mettent pas en évidence d'effet nocif pour la santé humaine, dans le respect des conditions d'emploi fixées dans les autorisations de mise sur le marché »
La Fondation pour le recherche sur la biodiversité (sources : Tendances temporelles et spatiales des risques liés à l’imidaclopride en France et franceinfo)
- Si les études réalisées afin d’établir l’impact des néonicotinoïdes sur la santé humaine ne sont pas retenus pour le moment par les autorités, celles concernant l’impact sur le biodiversité le sont.
- seuls 2 à 20% des néonicotinoïdes enrobant les semences sont absorbés par les cultures, tandis que le reste est stocké dans le sol puis transporté dans les écosystèmes aquatiques et terrestres
Citations
« "Il est possible d'être contaminé par voie respiratoire, quand les produits sont diffusés dans l'air avec la technique de l'épandage ; de manière cutanée, quand les agriculteurs ne portent pas de tenue de protection ; mais la source principale de contamination reste l'alimentation."
Sylvie Bortoli, ingénieure de recherche en toxicologie mécanistique à l’Inserm, à France Info »
« "Je travaille sur les pesticides et je n'ai jamais eu autant de preuves sur les dégâts d'un pesticide qu'avec l'acétamipride." Jean-Marc Bonmatin, chercheur en toxicologie et biochimie au CNRS, à France Info »
« "Ces insecticides sont actuellement identifiés comme une cause majeure du déclin des insectes et autres invertébrés terrestres et aquatiques" Fondation pour la recherche sur la biodiversité »
« « Nous déplorons l’écart persistant entre les connaissances scientifiques disponibles et les décisions réglementaires. Ce décalage compromet l’application effective du principe constitutionnel de précaution », Le CNOM (Conseil National de l'ordre des Médecins »
Références
Justifications
Objections
Débat parent